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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/76

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

brûlait, condamné tout vivant aux flammes éternelles pour ses blasphèmes contre la Vierge Marie. En effet, depuis longtemps il polémiquait afin qu’on la nommât, « Mère du Christos », dans les prières, et non « Mère du Théos ». Hérésie nestorienne dont il se rétracta avant de mourir, en dédiant à la Mère du Théos l’église des Blaquernes, faubourg patricien. Sur le vaisseau rouge des empereurs, il rendit l’âme dans les tortures.

Irène se crut enfin libre. Six ans s’étaient écoulés depuis le mariage. Six ans de plaisirs voluptueux, de vanités triomphantes, de quiétude ; mais six ans d’inaction pour les grands desseins de Bythométrès, pour leurs espoirs dont ils parlaient secrètement, longuement dans la solitude des jardins. Sans doute, Constantin étant défunt, le fils écouterait-il mieux une épouse dont ne se lassaient point sa vigueur sensuelle, ni ses vices inventifs.

Mais, à vingt-six ans, Léon commençait d’avoir l’humeur malade comme son aïeul. La mort de son père le terrifiait. Mélancolique, il se défia d’Irène, de tous. Il se préoccupa seulement de conserver la sympathie des troupes qui maintenaient sa race au trône. Pour les acheter il força le chambellan Théophane à lui livrer le secret des 500 000 livres enfouies par Copronyme à l’intention des autres fils. En retour Léon associa presque au gouvernement ses cinq frères, les Césars Christophe et Nicéphore qui avaient été revêtus de leur dignité le 2 avril 768, dans le tribunal des XIX Lits, et les nobilissimes Nicetas, Anthime, avec