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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/82

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

santé chancelle ; je puis mourir bientôt. Vous souffririez avec peine un enfant sur le trône, ou plutôt vous le chasseriez. Il en coûterait la tête à Constantin pour avoir porté quelque temps le diadème. Je l’aime trop. Je refuse de l’exposer.

Alors Staurakios s’en fut par tout le Palais, disant :

— Notre empereur Léon pleure souvent parce qu’il redoute que, si la mort le touche, vous ne décapitiez son fils, dans le but de mettre sur le trône un stratège de votre choix. Il serait digne de vous, chrétiens, de jurer publiquement fidélité au prince.

Et Jean, sut émouvoir si bien le peuple du Palais, qu’à la fête de l’Épiphanie, Irène présentant le prince, couché sur des étendards, aux troupes et aux fonctionnaires, comme le Iésous avait été présenté dans la crèche aux rois mages, tous jurèrent spontanément d’avoir pour sacrée la vie de Constantin, quoi qu’il pût advenir.

Les voyant si pleins de ferveur, le père n’avait plus de raisons à faire valoir. Il consentit. D’ailleurs sa volonté déclina. L’impératrice se crut très affermie sur le trône. Selon ses avis, Léon résolut d’accomplir cette investiture avec une grande solennité. Une émeute bien machinée par Jean ne cessa de réclamer cet acte depuis le dimanche des Rameaux jusqu’au Vendredi Saint 776.

Ce vendredi avant Pâques, l’empereur gravit les degrés de son tribunal, dans la place qui précède Sainte-Sophie. Montrant Constantin aux lignes brillantes des troupes :