Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/164

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belles paroles entre eux échangées, le lendemain, au départ, ennoblirent encore ce sentiment. Omer médita là-dessus, dans la chaise de poste qui l’emportait à travers la campagne illuminée d’incendies au loin, explorée par des cavaliers au trot, la lance haute, et qu’on redoutait. Bientôt il salua quelques troupes de conscrits français en marche, adolescents imberbes affublés de vieux shakos, de bandoulières tordues et de sarraus de labour. Ceux-ci, le postillon les saluait d’un cri fervent : « Vive les Marie-Louise ! » Omer le répétait de tout son cœur à la portière.

Maman Virginie et tante Caroline distribuaient des sous aux pauvres mains sales qui se tendaient hors du rang.

Plus loin, sous la pluie, des cuirassiers en manteaux blancs défilèrent dans les flaques. Des fourgons sautaient les ornières, retentissaient. Un bruit d’armes et d’hommes en tumulte sonnait lugubrement sur les routes.