Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/173

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L’œillade fut riche en promesses et en ironie blâmant l’erreur de la pimbêche :

Venez, venez à la ferme ;
On y dort mieux qu’au château !

Dix exclamations vantèrent la délicieuse.

― Mais elle est à ravir ! répétait la baronne, qui s’éventa le menton.

― Et voici donc son époux…

Édouard, un peu maussade, embrassa la promise.

Le grand Émile de Praxi-Blassans, qui reconnaissait à leurs uniformes les soldats alliés félicita vivement Omer d’avoir une sœur pareille, toujours gentille, bien meilleure camarade que cette péronnelle de Delphine. Revêche, jalouse, au point de rester seule à la fenêtre, celle-ci n’assistait pas du moins au triomphe de sa cousine.

― Demandons-lui ce qu’elle pense de la fable ; elle répondra qu’elle n’a rien entendu, je gage…

Il en fut ainsi ; et tous deux se réjouirent.

Émile déclara :

― Moi, quand je serai grand, je serai capitaine et, après, général.

― Moi, je le voulais aussi. Maman aime mieux que je sois d’abord abbé, ensuite évêque.

― C’est cela que tu veux devenir ?

― Pour faire plaisir à maman… et puis un évêque est tout-puissant comme Moïse.

― Alors, tu seras évêque ! C’est une bonne idée, ça…

Émile réfléchit longuement.

― Qu’est-ce que tu feras quand tu seras évêque ?

― Je bénirai les gens ; on se prosternera quand je passerai dans les rues, sous le dais…

― Oui, oui, tu es un malin. À la bonne heure !… Moi je gagnerai des batailles, comme Napoléon… et comme ton père.