Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/202

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qui surveillait le parloir, et qui soudain cherchait avec attention une page de son bréviaire. ― écoutez-moi, mes enfants, ― dit tout bas le capitaine : ― l’empereur est revenu ; et le roi s’est sauvé en laissant sur sa table, aux tuileries, le dîner tout prêt qu’a mangé Napoléon. Le roi est parti en oubliant sa bourse. C’est Mme Cavrois qui a fait prêter au comte d’Artois un million par la compagnie des moulins… si la tante Caroline le voit jamais, son million, les poules lui diront : " bonjour, ma chère ! " maintenant, nous allons combattre les valets des tyrans : les anglais, les hollandais, et les prussiens, en Belgique… et l’empereur m’a donné la croix… regarde, Omer… j’ai la croix de la légion d’honneur, le major Gresloup aussi. Et voilà !… hein, Gresloup ! Nous allons recommencer, avec Bonaparte repentant, l’œuvre de la révolution qu’il avait compromise, en 1810, dans une heure de folie. Nous sommes venus vous embrasser avant d’aller mettre à la raison les engliches ! à bientôt ! ― emmenez-moi, monsieur ! ― pria le petit édouard. Je suis très fort, vous savez… ― moi, ― dit Omer, ― je sais monter à âne : c’est comme à cheval… emmène-moi, mon oncle… ― et moi donc, ― renchérit émile… ― patience, patience !… on vous prendra. ― pourquoi n’es-tu revenu qu’aujourd’hui, mon oncle ? Maman t’attendait tout l’été. ― ça sentait trop le cosaque en France !… j’ai voyagé, j’ai été voir des amis en Espagne, à Naples… aux vacances, je t’emmènerai avec moi, si tu es sage… écoute… voilà une lettre de ton bisaïeul ?… ne la montre pas aux curés… hein ?… lis-la tout seul… tu ne l’as pas oublié, le vieux ? ― oh ! Non ! ― je le lui dirai… il sera bien content. Il est solide, le gaillard !