des faits, l’idée providentielle avait, depuis les origines jusqu’au siècle d’Auguste, conduit les volontés des peuples à lentement atteindre la vertu stoïcienne, avant la fraternité chrétienne, avant la divine conscience du bien suprême qu’enseigna le sauveur : « aimez-vous les uns les autres ». Le péché originel ayant jeté hors de l’Éden l’Homme tremblant et nu, il lui avait fallu se racheter par toutes les épreuves des histoires. Le soin de combattre les bêtes féroces et de poursuivre le gibier nécessaire à sa nourriture l’avait d’abord rendu cruel comme Caïn. Mais Abel était déjà la douceur, le pardon, la bonté de Jésus. Les deux frères avaient rivalisé : la force qui détruit et règne ; la loi qui rassemble et protège, qui perpétue la stabilité des États, épargne la vie des faibles, étend aux tribus et aux races les sentiments d’abord réservés à la famille. « Dieu sauvait les peuples à toute heure ! » criait le jésuite aux yeux extatiques, en attestant du doigt la gloire radieuse de l’amour céleste, plus loin que les solives du plafond. « Nemrod lutte contre la Providence et Jésus. Mais la victoire reste au principe du Bien et de l’Amour, au Sacré-Cœur du Fils ! » Revanche d’Abel sur Caïn, David tue Goliath et compose les Psaumes, le plus beau des poèmes. Il réunit les tribus autour de Jérusalem, et Salomon bâtit le Temple. C’est la première étape de la Rédemption. De la race de David l’Enfant doit naître dans l’étable pour offrir aux siècles un objet divin de piété.
À cela visait aussi la providence lorsque le tyran Jupiter crucifia Prométhée sur le Caucase : car Prométhée menaça du vrai Dieu les puissances ébranlées de l’Olympe. Et la Grèce développa son génie afin de créer l’esprit propice à la naissance du Messie ; elle enfanta Platon, le précurseur ; elle combattit les fils de Caïn, les barbares d’Asie, ces perses de Darius et de Xerxès, et, par Alexandre, les refoula. Avec les statues cahotées