Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/218

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coude, les cheveux frisés, s’étaient avancés, le cierge à la main.

― Je n’ai rien fait de mal ! Répondit encore Omer au juge.

― Alors, vous ne savez pas que vous vantez, dans votre composition, la secte abominable des Templiers que le pape Clément V condamna ? Voici votre devoir.

Soulagé de la peur que lui inspirait la possession du livre honteux, l’enfant respira.

Le Père Anselme lut :

« Après la conquête de Jérusalem par les Arabes, la plupart des chrétiens durent se convertir à l’islamisme pour échapper aux supplices. Mais ils ne renoncèrent pas à la religion d’amour. Afin de se réunir sans exciter les soupçons, presque tous choisirent les métiers de charpentiers, d’architectes, de serruriers, de forgerons et de maçons, et prirent rang parmi les travailleurs qui entretenaient les bâtiments du Temple. Ainsi purent-ils s’assembler facilement et célébrer les offices, la nuit, dans une chambre secrète de l’édifice, où ils se rendaient avant l’aube, comme pour leur besogne. En mémoire d’Hiram et de ses ouvriers esséniens, ils se distribuèrent les titres de maîtres, compagnons et apprentis, et dissimulèrent leur culte du vrai Dieu sous les fonctions de la maçonnerie. Il arriva que les maîtres des forgerons découvrirent le moyen de produire l’or par l’union de la terre et du mercure. Ils gardèrent le secret de cette richesse, qui leur permit de racheter aux Sarrasins les captifs. Mais, quand les chevaliers de Godefroy de Bouillon eurent délivré le Saint-Sépulcre, les maçons chrétiens leur transmirent le secret, en récompense, et, de plus, toute leur science philosophique et alchimique, les priant de ne point répandre chez les gentils un art qui donnait aux fidèles tant de supériorité sur les autres hommes… Voilà pourquoi les chevaliers du temple étonnèrent la chré-