Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/227

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debout ; et derrière le treillis, où se mouvait une forme vague, vivait sans doute l’esprit qui allait être la cause d’une résurrection…

― Quels sont vos péchés contre le premier commandement ?

La voix presque bourrue finit altérée, dans un soupir.

Omer Héricourt récita de menues fautes. Malgré la ferveur très sincère qui secondait son étude des choses divines, certaines étourderies le détournaient, pendant les prières, de la réflexion dévote. Presque toujours, il péchait par orgueil, se comparait aux laideurs des Pères en prosternation, et s’apercevait, dans l’avenir, coiffé de la mitre, la crosse en main, parmi la cohorte des diacres et des chantres, les fumées de l’encens, tel un pontife de Memphis. Il imaginait son éloquence convertissant les peuples à la doctrine. Alors, gloire suprême, du haut du Vatican, il promulguerait la Foi. Il restituerait à l’église les privilèges que réclamaient, pour elle, les Jésuites. Comme l’avait rêvé Léon X, la science rentrerait dans les sanctuaires. Elle découvrirait secrètement les forces qui, apparues à l’ignorance des foules, semblent miraculeuses. Le roi ne serait que le porte-glaive du pape, le bras séculier qui frappe l’infidèle. Égal d’Orphée par l’harmonie sublime de ses lois, Omer réunirait tous les hommes en une même fraternité religieuse. Le labeur de rendre au latin son prestige de langue universelle, il le parachèverait. Il n’y aurait qu’une capitale, Rome ; qu’une nation, la chrétienté ; qu’une langue, le latin. Tous les pauvres seraient des moines contents de leur vie, en des cloîtres d’architecture magnifique, au milieu de beaux sites et de pays fertiles. Le travail en commun, rêve de saint Bernard, leur donnerait l’abondance. Ni riches, ni misérables. Le chapitre partagerait entre les frères les produits des jardins, des vergers et des