Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/238

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parce qu’il était tard et qu’elle allait se mettre au lit. Sous le linge, à chaque geste, la gorge tremblait. Lui s’était ému.

― Et vous ne vous êtes pas détourné ? Siffla la voix.

― Non, mon père, ― répondit-il piteusement. ― Comme je lui disais une injure, elle est venue me chatouiller dans mon lit, elle m’a menacé en riant, elle s’est penchée vers moi, et sa chair m’a effleuré…

― Et vous n’avez pas chassé cette sale créature ?…

― Je n’ai pas voulu l’humilier. Ça lui aurait causé trop de peine…

― Et votre ignoble curiosité, sans doute, votre convoitise y trouvaient leur satisfaction ?…

Omer ne répliqua point. Cette brusque sévérité le surprit. La peccadille se transformait tout à coup en péché mortel. Quelle pénitence ennuyeuse lui infligerait le confesseur !… Tant pis ! De sa nouvelle amitié, le disciple était enthousiaste ; auprès d’elle, et dans l’attente de la tiare, comment eussent compté les longueurs des psaumes à lire ? Le jésuite reprit :

― Et vous désiriez un abominable plaisir, n’est-ce pas ?… Oh !… Et vous n’avez pas songé que vous aviez une âme à sauver ; un Dieu pour qui vous deviez vous garder chaste…, des maîtres qui vous chérissent… et qu’un crime pareil désespère… Mais répondez donc !… Mais répondez donc !… Dites quelque chose… Rien, vous ne dites rien ?… Ça vous semble naturel d’avoir perdu votre candeur… d’avoir souillé pour toujours votre innocence… Mais… Oh ! oh !

La voix n’était plus qu’un hoquet de douleur et d’indignation. Les poings battirent le grillage. L’haleine passait avec la fureur des reproches par les losanges de la claire-voie.

Omer se tut, stupéfait. La voix frémissait en ordonnant :

― Dites tout, tout… tout… Je veux tout savoir…