Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/38

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par les pans aigus d’une tunique de satin clair, ses épaules découvertes, Malvina cerclait ses bras de bracelets lourds. Tout brillait de sa figure malicieuse que bordaient les bouclettes blondes serrées dans une étroite capote de rubans à trois plumes bleues, adamantines. La tante s’apprêtait au départ. Omer connut la douleur qui étrangle et qui mord les entrailles. Elle refusait gentiment de le prendre avec elle. La Picarde l’arracha des glands auxquels il s’attachait, à genoux ; car la magnifique inexorable criait, d’une voix tout à coup méchante :

― Mais enlève-le donc, Céline ; il me déchire !

Au bruit, l’oncle Augustin arrivait dans l’or de son uniforme. En vain embrassait-il son neveu avant de le jeter en l’air et de le rattraper dans ses bras, à plusieurs reprises. Omer ne fut pas distrait de sa peine, comme à l’ordinaire, par cet exercice.

― Est-ce curieux vraiment ? Je crois, parole, qu’il avait les yeux de son père, et toute sa physionomie, quand il me suppliait, le pauvre, avec ses gros sanglots,… confiait Malvina, le lendemain, à son mari pendant qu’elle berçait du mouvement de ses jambes, le petit ami réconcilié.

Et tous deux d’étouffer un rire, en rappelant une aventure de berline, par la forêt dans un pays lointain.

Omer se souvint exactement de ce qu’il entendit là. Sa volonté se promit d’en apprendre la signification plus tard. Mais le major Augustin l’intimidait trop pour qu’il questionnât. Il feignit le sommeil.

Boulevard du temple, quand Bobêche reçoit de Galimafré les lourds coups de bottes, quand il se frotte le derrière, en faisant la bouche « en cul-de-poule » et les « yeux de merlan frit » selon les mots de la Picarde, c’est un ennemi commode qu’Omer souhaite à sa force, à sa ruse. Victorieux comme Galimafré de