Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/419

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piquante nouveauté. Je veux lui remettre une bagatelle que portait la générale. Qu’en pensez-vous ?

Il tira de son jabot un étroit collier à deux rangs, l’un de rubis, l’autre de turquoises. La valeur des pierres était d’importance. Omer se récria, quelque peu mordu de jalousie ; mais l’oncle lui remit une montre en or, plate comme un écu, munie d’un cadran d’argent moiré, et suspendue à un ruban de breloques, lesquelles comptaient deux têtes chinoises, taillées dans l’ambre, un cachet de cornaline à chiffre, et, sur un cabochon d’émeraude, les signes d’un talisman oriental. L’émeraude ne le cédait pas en valeur aux rubis du collier.

La joie de la possession rendit d’abord Omer silencieux. Il examinait la pierre translucide, au feu des bougies plantées en buissons dans les torchères. L’air de richesse qu’elle ajoutait à sa personne le transformerait devant les femmes. Il se promit des allures princières, négligemment hautaines, qui exciteraient l’admiration. Tirer de sa poche cette montre, avec l’émeraude et une poignée de louis pêle-mêle, vers l’instant de payer la note du restaurateur, ce geste lui parût fastueux. Il y pensait encore, quand les exclamations heureuses de sa sœur le surprirent. Elle soupesait rubis et turquoises. Le plaisir pétillait dans ses yeux. La nouvelle Denise, celle qui n’était plus une sœur gamine et taquine, mais une beauté tout étrangère, lui apparut alors, couronnée de roses et de cheveux bruns en nattes, large d’épaules, haute de taille, sur des jambes de chasseresse. Ses dents éblouirent cependant qu’elle disait son bonheur, qu’elle attachait les joyaux à son cou fort et candide.

Le général lui offrit le bras pour la conduire jusqu’aux miroirs. Elle s’appuya contre l’épaule, sorte de caresse de tout le corps reconnaissant. Choqué, le frère regarda sourire Édouard de telle manière que la face