dignes alliés de la peste qui a sévi durant l’automne de l’an dernier : voici qu’ils trouvent le moyen de faire protéger la retraite de leurs bandes et de « l’Armée de la Foi », que nous rossons, par les troupes françaises qu’entretient, aux Pyrénées, le ministère de la Congrégation, sous allure de cordon sanitaire.
« Je voudrais que tu fusses témoin de la gloire et de l’estime qui environnent ici mon fils, entre tous les anciens soldats de l’empereur exilés de France à la suite des derniers événements. On a horreur de notre moderne Caligula et des monstres qui le servent. Les journaux nous arrivent pour nous apprendre comment coule le sang le plus pur de l’armée. En mai, c’était notre jeune maréchal des logis Sirejean, que nous eûmes bien souvent à notre table, car il était célèbre à Saumur par son appétit et le vernis magnifique de ses bottes. Je l’ai vu commander lui-même le feu, sans cesser de regarder fermement le peloton d’exécution. Mon pauvre ami le capitaine Vallé, de la garde impériale, a eu son tour en juin. Ils lui ont même refusé la mort du soldat, ils l’ont couché sur l’échafaud, après lui avoir fait parcourir à pied le chemin, depuis la prison jusqu’au lieu du supplice. Les journaux rapportent qu’en passant sur le cours de Toulon il s’arrêta devant un liquoriste et demanda un verre d’eau-de-vie qu’il but à la santé de la France et des braves ! Je le reconnais là : cœur d’or dans un corps de fer. Le tyran a fait abattre par ses estafiers la tête du héros. Il ménage le même sort aux amis de ton oncle, les quatre sergents, Bories, Goubin, Raoulx, Pommier. En janvier, Edme déjeunait avec eux à Paris, au Restaurant du Roi Clovis, et, quand le 45e fut déplacé, il dîna fréquemment en leur compagnie dans ses voyages de Saumur à La Rochelle.
« On doit tout te cacher dans les jésuitières. Sais-tu que des agents provocateurs choisis parmi les sous-