et des navires, de la maison installée à Dunkerque. À vous seul doit revenir l’hoirie… Je suis rentré de bonne heure aujourd’hui pour commencer mes préparatifs de campagne, commander ma sellerie et mes équipages, et en outre, pour rédiger une manière de testament. Nous lirons cela tout à l’heure ensemble… Il vous oblige, ce testament, à de grandes responsabilités, mon cher enfant… Quittez-moi cet air de circonstance… Je commence par vous dire que je n’ai pas le moindre pressentiment de ma fin ; et que je compte revenir de là-bas les membres au complet. Mais… c’est en se promenant que Moreau fut tué avant Leipzig… J’ai eu de la vie le meilleur qu’elle pût m’offrir ; ce qui m’arrivera maintenant d’heureux fut trop attendu pour que j’en jouisse beaucoup… Et, depuis la mort de l’infortunée Malvina… j’ai moins de raisons de félicité…
Il frappait délicatement sur la nappe avec la pointe d’un couteau d’argent. Les gestes silencieux des laquais apportèrent, enlevèrent des plats, versèrent à boire. Il fit honneur au chaud-froid de perdrix, aux blancs-mangers. Subitement, il but quatre ou cinq rasades d’un vieux bourgogne illustre dans la famille, et qu’il s’était attribué, au désespoir de la tante Caroline, à la jalousie du comte.
Omer pensa d’abord que l’oncle Augustin lui proposait de consentir au mariage avec Denise, moyennant un legs. Mais le bel homme aux cheveux gris ne souffla mot de sa nièce. Il parut sincèrement triste.
― je me loue d’avoir prié Virginie de venir, ― reprit-il : ― nous passerons en famille ces derniers jours. Quand je cause avec vous, je me plais à croire que mon pauvre frère assiste à l’entretien… Pouah ! la vilaine chose que la guerre !
Tressaillant sous sa grande robe de chambre à la turque, soutachée de soie, il fit un geste de dégoût comme à l’aspect d’une ordure abominable. Omer cher-