Et ses doigts allaient, séparaient les bobines, plantaient les épingles à tête de couleur, croisaient, décroisaient, nouaient les fils, pour l’émerveillement d’Omer accoudé sur la tiède hanche de Céline amie.
Chante, rossignol, chante,
Si tu as le cœur gai.
Pour moi, je ne l’ai guère :
Mon amant m’a quittée…
Lala, lala, lalaire,
Lala, lala, tralala !
Lente et douce plainte, qu’elle psalmodiait ainsi en un murmure, le long des heures. Les bûches, parfois, croulaient dans un pétillement ; le chat bâillait, étirait ses griffes hors de sa fourrure, dressait la queue, puis se léchait la cuisse, méticuleusement.
Omer, plus observateur, acheva de distinguer les cheveux blonds en mèches lisses sous la coiffe de toile, un visage rond fleuri de bons yeux bleuâtres, et de grosses lèvres capables de l’embrasser fort s’il grognait dans la torpeur que donne l’imminence du sommeil.
Au réveil, sa joue reposait dans la chaleur du giron qu’enveloppait un tricot de laine noire. Il s’étonnait de n’être pas dans son lit, d’avoir dormi si peu de temps, mais il trouvait un rire, deux mains pour le mettre debout sur la robe, pour le secouer doucement, une voix pour lui chanter…
C’est le petit Jésus
Qui allait à l’école
En portant sa croix
Sur les deux épaules.
Quand il savait sa leçon,
On lui donnait du bonbon,
Une pomme douce
Pour mettre à sa bouche,