Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le devoir de parrain qu’en gonflant sa bourse par des spéculations sur la disette de l’armée et sur le malheur public… ― vous l’entendez, seigneur ! Mais pensez-vous que je suis une bête ?… n’est-ce pas vous qui avez, à Berlin, circonvenu, lors de sa mission, ce Mirabeau, perdu de dettes et de crimes, comme Catilina, qui l’avez affilié aux sectaires, et qui l’avez conduit dans les antres maçonniques de Paris ? Cruel vieillard, n’avez-vous pas fondé cette loge impie des " neuf sœurs ", où Danton, Camille Desmoulins, Marat, Robespierre, tant d’autres scélérats se rencontraient et préparaient les malheurs du royaume… avant que de transporter leur officine de forfaits au couvent des jacobins !… vous étiez l’âme satanique de cette loge… vous étiez le guide mystérieux de ces régicides par qui le sang le plus noble de France a coulé sur l’échafaud… mon dieu ! Et ils excitèrent une telle réprobation par le monde que, depuis, l’Europe entière nous combat. Et pour quel résultat ces violences ? La famine et le chômage à Paris !… le commerce ruiné par le blocus continental… toutes les familles en deuil… miserere nobis, domine ! ses mains jointes se levèrent au ciel. ― ah ! Madame, n’invoquez point les dieux contre nous. Ce n’est pas sous l’ancien régime que j’aurais pu acquérir, pour ma petite-fille Virginie et pour son fils, avec l’argent de mes comptoirs aux Indes, le domaine des ducs de Lorraine, quand leur héritier eut émigré à Coblentz dès l’appel de Brunswick et de Bourbon-Condé ! Ce n’est pas sous l’ancien régime, que les moulins Héricourt se fussent accrus de tant de biens nationaux, ni vos caisses comblées de l’argent que vous avez gagné en fournissant de cuirs et de farines les demi-brigades de la république… laissez Dieu en paix ; et contentez-vous de mener à bien vos négoces… ― j’y réussirai sans vous, monsieur, si Dieu m’aide… ― j’