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LA FORCE


I


Par les routes, les sentes, les pistes, l’armée du Directoire continuait sa marche à travers la forêt hérissant le pays de Bade. Soixante mille Autrichiens poussaient à la rive rhénane les divisions de Jourdan ; une brigade de cavalerie protégeait, à l’extrême gauche, la retraite. Avec dix houzards, le maréchal des logis Héricourt formait, le dernier échelon d’arrière-garde. Ils sortirent, à leur tour, d’un vallon, gravirent le terrain, ne quittèrent pas la crête, selon les ordres.

Les uniformes du régiment achevèrent de s’effacer derrière les colonnades de sapins. Une cuivrure de selle, un fourreau de sabre, luisirent encore, peu d’instants. Des croupes pommelées de chevaux se dandinèrent, qui supportaient les silhouettes lasses des soldats aux dolmans amarante. Après, seule demeura l’ombre vaporeuse d’une vedette immobilisée à la fourche des chemins.

Les dix houzards s’étant arrêtés au signe, Héricourt appuya la bride sur l’encolure du cheval qui tourna dans une flaque, et les cavaliers firent face à la venue probable de l’ennemi. L’air même parut