Page:Adam - La Morale des sports.djvu/458

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L’heure semblait propice à ce pèlerinage de nos élites sportives, dans le moment où l’on insinuait que la diplomatie allemande s’arrangeait avec le Turc pour soustraire la Tripolitaine aux espoirs de Rome et pour y implanter le protectorat prussien. La prudence des Italiens ne se doit plus de ménager les jalousies de la Triple Alliance. Nous serons toujours sympathiques au peuple qui se souviendra bien de l’accueil fait par ses aïeux en 1796, et par ses pères, en 1859, aux drapeaux libérateurs de Bonaparte, puis aux fanions de son neveu, le carbonaro. La légende qu’imagina Bismarck et qui nous imputait l’intention de nous immiscer, comme à Mentana, dans les affaires intérieures de la péninsule, cette légende, maintenant, est évanouie. Nulle méfiance ne persiste. Sous les oriflammes déployées aux mâts de fête, les sympathies désormais fraterniseront très sincèrement.

À la liesse commune le décor contribuera. Stendhal, Lamartine et Bourget nous avisèrent des innombrables merveilles qui s’étalent en tous lieux de cette terre bénie par la richesse de l’Empire romain, le triomphe de la religion catholique, l’apogée des arts qu’introduisirent et que propagèrent les Grecs fuyant la barbarie musulmane, après l’échec des croisades. À l’horizon de Turin brillent les Alpes blanches et bleues, et, dans son musée, Tobie porte, serré par une courroie de plaid, le poisson au fiel salutaire vers le pays qu’indique l’ange. Pour les peindre, Botticelli élut comme modèles deux sœurs évidentes : l’aînée fut l’ange, la cadette Tobie, et elle exigea que son petit chien frisé fût du tableau. La vérité de leurs visages