Page:Adam - La Morale des sports.djvu/462

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M. Georges Grappe à la fin de son excellent opuscule sur les Pierres d’Oxford, une harmonie douce comme un vieux sonnet de Shakespeare, tendre comme les Tears, idle tears… de Tennyson. Cette musique me chantait aux sens comme la voix affaiblie du passé. Mais la voix grave du gros bourdon de l’Université, si mêlant tout à coup à cette délicieuse antienne des cloches, sembla rappeler au sentiment de l’avenir des générations qui se fussent peut-être abandonné l’âme à cette caressante mélodie et au panthéisme inconscient qu’enseignait cette nature. Dans ce frisson des clochers, forêt délicieuse et étrange, qui houloulait comme une chênaie, toute la vie d’Oxford s’assemblait et se résumait étrangement. Une prière chrétienne venait s’unir à la joie humaine du paganisme éternel. »

Shakespeare employa le suprême de son génie à ressusciter Coriolan, Antoine et César, Brutus, le peuple du Forum. Gœthe fut à Rome conquérir sa force de création, et il pensa devant le buste de Jupiter. Montaigne enchâssa toutes les phrases essentielles des auteurs latins dans sa prodigieuse synthèse d’idées. Les génies des nations diverses exprimées par ces grands écrivains burent tous le lait de la Louve. Il n’est pas de but meilleur pour notre course de sportsmen savants et curieux, avides d’énergie et de puissance. Courir aux monts d’Italie, c’est courir aux bras de notre mère.