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L’ESPACE VAINCU

Mercedes, le second jour, tant ses yeux le faisaient souffrir. Et il gardait ses lunettes afin de cacher la hideur de l’inflammation qui tuméfie les chairs.

La lutte du génie humain contre les forces ne manqua point, ces deux jours, de paraître suffisamment tragique. Et chaque fois qu’une automobile descendant la côte accourait vers les bras tendus de son équipe, vers les monts de caisses à essence, vers les drapeaux pavoisant le tableau des arrivées, vers les musiques, toute l’assistance inquiète des femmes debout saluait la chance de ceux échappes à de si réels périls. Sans le dire, cette foule d’aristocraties diverses, et qui contenait les plus grands noms des nobles, des politiques, des riches, des artistes, vibrait à l’appréhension d’apprendre un accident.

11 y avait dans l’air une extrême tendresse pour les combattants. Ceux de leurs équipes les attendaient anxieux, empressés, fébriles, sous les pancartes affichant les noms bien connus des constructeurs. À chaque retour de la machine c’était un émoi pareil. Et quand, vers la fin de la deuxième épreuve, les arrivées des émules se succédèrent à courte distance, quand on vit ces énormes et fragiles monstres se précipiter sur la pente de la route lumineuse pour se rejoindre et se dépasser, il y eut une frénésie de tous les corps penchés aux balustrades. On devinait à grands cris la valeur des signes que faisaient les coureurs à leurs équipes de ravitaillement. Plus tard on plaignit le mécanicien qui, son index blessé dans un doigté de cuir, démontait pourtant une pièce prête à faillir et la remplaçait avec l’adresse d’une main malade. Les rudes efforts de Nazzaro qui lui conquirent la deuxième place, suscitaient d’extrêmes admirations. À voir passer les machines avec des