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vant les stands comme devant les chapelles vouées aux saints thaumaturges. Les noms des constructeurs illustres possèdent un prestige singulier jusqu’alors réservé seulement aux généraux et aux politiciens célèbres. Personne n’est populaire comme le détenteur d’une coupe disputée.

Phénomène spécial à notre époque : la foi religieuse qui se disperse, qui se fond, qui s’affaiblit momentanément parmi les masses, laisse dans les âmes un besoin pourtant de mysticisme. Jusqu’à nos jours le culte de la science demeurait inaccessible à la plupart. C’était une divinité peu tangible voilée par les mystères des algèbres et les vapeurs inconnues des laboratoires. Maintenant l’industrie, recevant la grâce de la déesse, en objective les puissances. Gestes de la géométrie, de la mécanique, de la chimie et de la physique, les miracles courent les routes. Ce qui semblait à nos aïeules le prestige exclusif et légendaire des fées, des prophètes, des alchimistes, cela, chaque jour, devient l’apanage des ingénieurs, de leurs aides. En tous les carrefours de la campagne surgissent les Élies emportés par les chars à feu, devant les regards des paysannes. De Châlons à Toul, naguère les semeurs purent admirer l’essor de l’aérostat sûr et vigoureux comme celui des cheroubs annonciateurs. Et l’on sait que l’explosif tombant de sa nacelle peut anéantir les cavaleries barbares plus sûrement que ne le firent les glaives exterminateurs des archanges.

Tous les signes évidents de l’action céleste ont été transmis, en deux siècles, à la science. Aussi bien que les prê-