III L’araignée Scepticisme, comme dit Nietzsche, tis- sait donc sa toile dans le cerveau de Jean Goulven. Entre les croyances de ses ancêtres et les calculs précis de la science, il demeuraitrêveur, indécis, accueillant Y pour les uns et les autres. Breton imaginatif et sen- sible, il se disposait a la résignation parce que nulle opiniâtreté humaine n’a pu approfondir le mystère de l’0céan qui berce ou noie cette race, depuis tant de siècles, l’enricl1it ou la détruit, au gré d’une force capricieuse, tantôt riant avec l’éclat ensoleillé de ses vagues, tantôt hurlant avec lé ressac emprisonné dans les cavernes affreuses de la côte. Au lieu de lui four- nir, ainsi qu’à tant d’autres, mille raisons pour vivre selon la santé de ses instincts, le scepticisme faisait du docteur un passif et un nonchalant. Seules les idées, disparates et nombreuses, se reflétaient en lui comme en un miroir, et Poccupaient de leurs images. Il ne se proposait que d’agir sur elles, et non sur les hommes. Chose infiniment plus commode pour celui dont les vices paresseux, ayant perdu toute énergie, '
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