Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/120

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Liz ssaruwr Nom M5 littéraire, pour ce malheureux qui tentait de se raidir. Le deuil de l‘espace, le hurlement de la mer dév0ra· trice, qui depuis tant de siècles ronge cette terre, me · parurent s’approprier d’avance aux funérailles de ce Breton sévère, épuisé par le typhus du Mexique, cou- pable davoir soigné trop consciencieusement ses marins _dans les entrepôts et dans les lazarets. La fatalité des forces roulait en ses volutes cette vertu solide, comme elle roule le granit éboulé des roches et le sable de ]a—lande. ` ‘ Madame Hélène parut s’inquiéter aussi. Elle parla de retour. Nos` derniers regards saluèrent l'0céan qui . coiffait de ses meutes blanc~hes et bouillonnantes les pyramides informes des rocs entassés dans la courbe de cette baie sauvag_e. Un essor de goélands lumineux s’y déploya. Des poussières d'eau s’élevaient des ~ gouffres, puis ülaient, au gré du vent, vers les landes monotones. Nous partîmes avec elles, chassés de même par la tempête rugîssante dont les chocs formi- dables heurtaient nos écbines, secouaient nos habits, arracbaient nos casquettes, cependant que tour- noyaient toujours les élans du flot fracassé au fond des cavernes. Le docteur ne tenta pas de converser lorsque nous eùmes regagné l’abri des vallons. Nos pas foulèrent les sentes des prairies, le long des buissons courbés. Nous écoutions notre compagne raconter ses pérégri- nations en Norvège, décrire les paysages, préciser les mœurs du Nord. Au moins, nous simulions des âmes attentives à ses dires. Moi, je 1116 récitais encore les passagesutiles des lettres que je recevais, chaque jour, de Paris, d’ailleurs, et relatives à notre ami. On le dénigrait généralement. Il avait du froisser