Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/125

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120 \ LE snmusxr Nom Derrière l`averse oblique, le cap, ses landes désertes u et vallonnées, ses éboulis de roches grises, étaient lugubres. . . En silencepmes hôtes sollicitaient de moi la parole assurant que je ne doutais pas non plus. Je fus tenté de leur complaire. Mais l’humanité ne doit pas être une boutique de déchets. Il eût été làche d’encou·- rager des illusions que je savais déja¢vaines.Je devais avoir l’audace d’encourir leur rancune plutot que de travestir la véritable apparence des faits : —-— Tu devrais pousser les choses, —— conseillai—je au docteur. — Tu devrais élargir tout de suite le · champ de tes investigations. Au lieu d`immuniser quatre lapins de choux, et dc soigner avec six gouttes de sérum, parcimonieusement, deux ou trois petites paysannes perdues dans les hameaux de la côte, il est temps d’immuniser des chevaux et de recueillir assez de leu1· sérum pour agir dans les hôpitaux. —— Tu as raison, mon cher ami l_ — murmura Goulven ; ·- tu as raison... Trois cents cas de guérison me paraissent a moi-même indispensables pour dé- montrer... ` -— Acheter des chevaux vivants ? —— gémit M'"' Goul- ven. — Et les nourrir?... Et pendant combien de temps ‘? - Ah l ça, je n’en sais rien, ——· avoua le docteur. — Plusieurs années peut-être... Le sang d’un cheval peut ne s’immuniser entièrement et ne rendre un sé- rum parfait qu’au bout de quatre, cinq, six ans, huit ans même. .. —- Huit ans l -— pleura M'" Goulven. -— Huit ans!... Ah diable l — grognai-je a mon ` tour, et de façon très significative.