Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/153

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M8 LE SEÈPENT Nom I lant les qualités particulières de leurs emotions, ~se persuader de leur franchise, de leur contïance et, par suite, de leur mutuel consentement à se livrer leurs âmes, avant leurs corps. Cela ne suffisait point à. confirmer mon jugement I téméraire. Toutefois je ne l’écartai plus. Encore que je fusse debout derriere une fenêtre du deuxieme · jztage, les causeurs, tout occupés d’e11x—mêmes, ne songeaient point à la présence possible d’11n tiers. Je i pensai quelques secondes, que, si la passion les pos-- sedait, ils se fussent déüés d'un auditeur, et eussent, au préalable, exploré, du moins, la hauteur médiocre ` de la façade. Donc ils n’étaient pas amants... A moins qu’ils feignissent de ne pas m’apercevoir pour me donner le change sur les anxiétés de leur vice... Je restai perplexe. ' _ Le docteur finit par me découvrir. Il me dit bonjour très joyeusement, en homme loyal que nulle indis- crétion ne gene. Je saluai notre amie. Son 'étonne- ment ne trahit ni confusion ni déconvenue. Du pre-` . mier étage, son iief, elle continua de vanter l’aube, en " affectant le langage que les critiques d’art utilisent. Frottis, pleine pâte, valeurs, mélanges sur palette et mélanges optiques, cent autres mots analogues lui servirent à commenter' l’œuvre des Forces. Désireuse de nous ravir par les excentricités un _peu naïves de sa conversation dilettante; elle fut bien aise de_ nous avouer, sur le ton le plus naturel,- avec sa voix gaie : E A . — Le couchant est trop emphatique pour moi. C’est le déballage d`un tapissier ofliciel, de quelque Belloir ' qui cloue rapidement l’écarlate et l’or sur les planches A brutes de l’estrade, vingt minutes avant`l’arrivée du