1 206 LE sismuznr nom brutes me serrait de pres. C’eût été la fin de notre union si bonne, faite d’estime, d'amitié loyale, de communion spirituelle. Par chance, le Ciel m’a protégée. Je lui en suis profondément reconnaissante. Il ne se _produisit pas de telles rencontres. Voyez- vous ma vie brisée, la séparation, le divorce, et, pour moi, épousée presque sans dot, la gêne affreuse, la misère même, parce qu’il aurait plu a un crétin de l'l’1,&dI`6SSBl‘ la parole sur le boulevard ?.,. J’ai fini par ne plus sortir qu’en voiture... Et j’ad0re la marche, la flànerie, en véritable Parisienne, moi! J’aurais tant aimé les voyages!... Le moyen de s’installer dans un wagon sans que le monsieur du coin ne commence _ aussitot le siege de votre vertu, ne vous menace de ses galanteries, même du viol. La politique retenait mon mari dans lacapitale toute l’année. 1lm’aurait fallu voyager seule. Impossible. Je dus vivre reeluse, tremblante, ennuyée à en mourir. Depuis que je suis vieille, au contraire, depuis mes rides, mes trois mentons, l’épaisseur de ma taille, depuis ma coupe- roseet mes cheveux gris, je puis a mon aise aller, venir, nfattarder devant les vitrines des magasins, les tableaux et les statues. Je puis me promener douce- ment le long du boulevard et n’être pas tenue pour une prostituée. Si je grimpe sur la plate-forme d’un tramway, le monsieur qui m‘offre sa place al’mténeur n’a plus l'air de me demander, en échange de sa poli- tesse, une heure d’entretien au plus proche hôtel garni. Après le mariage de mes filles, j’ai, sans algarade, visité Rome, Constantinople, Le Caire. Et, maintenant, j’ira·i jusqu’au Japon; je ferai le tour du mondelJe suis enlin libre! Si j’aceompagne ici Gilberte et 'ma bru, c'est parce que ça m’a1nuse.
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