_ LE sauveur Nom 261 Le reste du jour elle ne ·-s’éloigna plus de mes côtés. Redoutant une émotion trop violente, elle s’écartait du docteur. A plusieurs reprises, j’essayai d’0btenir qu'elle ne démentît pas mes allusions dis- crètes et complices. La véhémence qu’elle mit a s’in- digner de mes insinuations fut assez brutale; et je ne pus insister m·ieux. D’ailleurs notre bande se rassemble. Gilberte voulut nous photographier en groupe juché sur une grosse pierre. Plus loin, l’enfant pénétra dans la galerie couverte d’un dolmen, et nous dûmes, à notre tour, fixer son image de petite Velléda pimpante. Sans que M'" Hélène soufflàt mot, le docteur évalua les forces qui avaient érigé ces lourdes masses. Quels mécanismes, quels efforts d’esclaves innom- brables avaient apporté·en des places symétriques ces monolithes grisâtres, éternels? Il imputait l’en- treprise ai une science jadis capable d’accomplir ces . travaux gigantesques avec le secours de l’eau, de l’air, peut-être d'un fluide expansif, aujourd’hui -` méconnu. Il imagina toute une technique ancienne, plus puissante que la nôtre, par les applications nde principes simples, et que notre esprit'contemporain, trop complexe, ne sait plus discerner. Aussi le peuple a—t-il cru qu’une armée de colosses païens avait été, par un saint évêque, pétriüée dans l’instant ou elle s’apprêtait au massacre de néophytes... Et c’étaitune explication plausible,prétendit·M"‘°Goulven : quand la science abdique, la foi reprend ses droits. Nous fûmes dans l’église de Carnac que Pâme du XVl° siècle et celle du xv11°, jusqu’aux clefs de voûte, . l’ornèrent de lambris peints; les vertus symboliques de la Renaissance y paraissent entre des architec- 15.
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