Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/282

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, LE smnreur Nom 277 I l`amante s’altérâ.t pendant plusieurs secondes à l'idée soudain plus poignante de son infortune, elle persis- tait dans ses interrogations. Elle seule et Gilberte tirent mine de s’intéresser au petit port de Locmariaker quand nous y débar- quâmes, aux ruelles encombrées de vaches que poussaient à la baguette des üllettes tricoteuses et indolentes, long vêtues de la lourde robe bretonne a tablier de couleur, et si nigaudes sous le toit de la coiffe, Madame Hélène eut le courage de pérorer, lors- qu’au bout d’une venelle bordée de murs plâtreux parut subitement la masse horizontale et grise du monolithe horizontal qui couvre le dolmen des Mar- chands, ses piliers informes, sa fosse régulière. Notre amie voulut y descendre et marcher en se courbanl. pour examiner les géométriesvagues, peut—être sa- crées, mal visibles sur la stèle du fond. Plus loin. le . grand menhir abattu depuis deux siècles et rompu en plusieurs blocs est, au milieu des plantes fourra- gères, un imposant débris de la civilisation qui l’avait érigé la pour servir de point d’union à des tribus éparses sur les côtes, dans les îles, et danssles forêts du littoral. Devant cette ruine, le docteur et son amante se turent. Peut—être la considéraient-ils · comme un symbole de leur désastre sentimental. lls se regarderent une seconde, puis n’osèrent énoncer la parole banale qui eût traduit leur pensee. Moi seul eus l'audace de dire : — Ce granit était faible, quelque lézarde l’avait aupa- 1·avantdésagrégé.Iln’y a que les faibles pour se laisser abattre, quand ils ont été créés avec un désir ` de puissance... ` Le docteur haussa les épaules. l\Im° Goulven opposa - 16