Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/285

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280 LE seerxzrir Nom les risques .de mort. Pressentis discrètement par les émissaires de notre conseil d’administration, plusieurs collègues de Goulven n’avaient pu pro· mettre qu’il recouvrerait une santé assez ferme pour achever la série des travaux démonstratifs. ' — Mais il n’est pas si mal! s’écria·t·elle. — Ce sont d`absurdes exagérations! Obstinement elle examinait, au fond de IDCS orbites quelle vérité exacte signitiaient les lueurs de mes pupilles, les clins de mes cils. Je répétai que le docteur était un homme complètement épuisé par l’étude et la maladie. II lui eût fallu quitter tout de suite son laboratoire et son milieu, interrompre ses visites aux malades, aller vivre un an sur les cimes des Alpes. Alors il pourrait sûrement se rétablir, travailler de nouveau, puis doter le monde d`une découverte a peu près. unique. Malheureusement, - rien de tout cela n’était possible, dans les affreuses conditions de son existence actuelle. Madame Hélenesempecha diûcilement de pleurer... Sans les voir, elle suivait, de l’œil, un vol de mouettes _ criardes. Péniblement elle exhalait des soufiles pro- fonds et tremblants. Ses mains découragées cessèrent d’agir. Elles demeuraient inertes près de ses genoux immobiles. .l’allumai lentement ma pipe de voyage, et n’ajoutai pas un mot; ce qui la mit en détresse. Elle eût souhaité que mon discours ne se terminat point, dans l’espoir qu’il exprimerait, à quelque instant, ses idées confuses de secourir Jean Goulven. Emin, épouvantée de mon silence, elle ravala deux sanglots 5 pour me dire : — Nous devons pourtant le sauver !... Vous avez de la fortune, M. Guichardot, vous!...