q LE saumur nom .°2S3¢ ` Dans son trouble, madame Hé lène se passait la main sur le visage, sans imaginer que ses gants pouvaient déteindre au contact de la vaseline et de la poudre dont elle avait imprégné sa peau, pour_se préser- ver du hàle. Le contraste entre son indignation et cet aspect grotesque d’une figure salie ajoutait du] ridicule a son chagrin. Plus que son esprit, son corps- souffrait. Des nausées interrompirent ses diatribes. Des sanglots mal contenus étranglaient ses exclama- tions. Cette déchéance physique trahissait surabon—— damment la sincérité de la douleur chez une creature dont tout l’efi`ort se vouait a faire de soi une statue parfaite et glorieusement vivante. A chaque seconde, . elle relevait une mèche que le vent lui rabattait dans la bouche; et elle croisait, décroisait ses longues jambes, tapait du pied, joignait les mains en s’étrei-— gnant les doigts avec-rage. « Toi, ma fille, tu es à point! me disais-je. Tu m’appartiens... Tu es mon instrumeut... Si j’ab0utis,. __ tu seras mon amie dévouée, servile, reconnaissante,. et craintive. Tu t’es trop humiliée devant moi... » · Cependant je lui représentai que je n’étais pas un ami du docteur, mais à peine un camarade. que nous· nous étions réunis quatre ou cinq fois en dix ans, qu’il détestait mon caractère positif, qu'il me tolérait tout juste, à Keryannic, avec l’espoir de la comman- _ dite et l'avantage de ma pension. Sa méfiance ne tar- derait pas à soupçonner notre entente, si je consen—— tais a servir d’intermédiaire. Et le petit—ûls de l`amiral Goulven ne transigerait pas sur une « question d`hon— neur », ainsi qu’il la nommerait. Madame Hélène avançait vers moi sa ûgure souillée- de graisse noiràtre. De sa mâchoire, elle menaçait,.
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