Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/300

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‘ LE sauveur Nom 295 Lui comprit qu’il passerait pour un butor s'il simu- _ lait l’inditl`érence,pour un butor ou pour un sournois. Il hésita, puis : — Vous m`accordez tout à coup, ma chère amie, de bien grandes qualités l -—Tout à coup ?... -— s’écria—t-elle. — Je les ai toujours proclamées. Vous le savez bien. -—- Tu dois le savoir, vraiment ! -· appuyai—je, — ` madame Hélène ne te parle pas sur le ton de la froi- deur... Loin de la !... Te moques—tu ‘?... On bien as-tu peur d’entrevoir ce qu’il y a de rare et de précieux dans les sentiments qu’elle manifeste à ton égard ? Ainsi j’abordai brutalement le serieux du problème. Les mains de la veuve tremblaient sur sa robe. Elle regardait le docteur avec une expression d`angoisse apprise dans les musées, devant les tableaux clas- siques, mais renforcée par toute la franchise de la ·passion qui se fardait coquettement de cet art. Lui souriait, les yeux pétillant de fureur et de joie, tour à tour. Ce l’ahurissait que cette belle femme l’aimàt jusqu'à choisir mon audace comme auxiliaire de sa pudeur, aûn de consommer l’aveu. —· ·- Mon ami..:, - murmuraitla voix mélodieuse, - permettez-moi de penser que je suis autre chose pour vous qu’une voyageuse arrêtée dans votre maison, devant la mer, tout un été magnifique". Vous n’êtes pas seulement un hôte... — Tu entends, Goulven ‘? - intervins-je, en lui saisissantle bras. ' Il se débattit, nerveux, se libéra de mon geste, re- garda vers la dunette si`on ne l’espionnait point;·et il offrit Et madame Hélène sa main gantée, qu’elle serra dans une ardente crispalzion. Alors le visage du doc-