320 LE snnruur nom
mariage qui eussent rendu nette une situation équi-
voque; qu’au surplus j’agissais dans son intérêt, en
ami, la Compagnie des Produits pharmaceutiques
ayant ajourné sa décision, sans fixer la date pour une
reprise des pourparlers. .
— Tu ne m’avais pas dit cela! — gémit—il.
Et il leva vers moi sa tlgure rasée, maigre,
-embrouillée dans ses cheveux bruns, malgré la cas-
quette ii carreaux. Je lui confirmai la mauvaise nou-
velle. Ses yeux brillèrent de rage, un instant, puis
-s’éteignirent. Il haussa les épaules, et il se résigna
comme d’habitude. Je lui représentai qu’il était
sérieusement atteint, et sans un sou. Il avait a choisir
-entre, d’une part, tous les cataclysmes ou il entraine-
rait d’ailleurs sa femme, et, d’autre part, toutes les I
délices légitimes offertes par la passion de ma-
—dame Hélène. Le dilemme était fort étroit. Il impor-
tait de le résoudre promptement.
Je crois qu’il eût souhaité s'endormir la, plutôt que
de m’entendre davantage. Il fredonna le couplet des
sardinieres, en appliquant les paroles a son destin,
avec une ironie macabre : · _
Pleurez, pleurez, la belle:
Les poissons l`on-o`nt mangé!...
Nous abordions au quai de la ville, dans la nuit.
Des hommes coururent avec des lanternes. On noua
les câbles autour des bornes ferrées. En allant à
l’hôtel, M'"" La Revellière et sa bru se louerent de
l’excursion, et de ses agréments. Polis pour elles -
qui les invitaient, les -Goulven renchérirent de leur
mieux. Ce fut aussi la conversation du dîner. Sous
une fausse animation de paysagistes exaltés, chacun
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