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tabliers à carreaux, et surmontées de petits bennins.
Le docteur nous fit descendre, passer le cintre du
porche, sous le donjon du clocher. Mm Goulven nous
mena devant le tombeau de saint Ronan. Il dort roide,
et les mains jointes, sur une table que supportent six
pieuses dames agenouillées dans leurs costumes
de chatelaines. Goulven n’ignorait rien de la légende
particuliere à ce moine défricheur et laboureur, et
nous la récita pertinemment. Tout lui était familier
de ce pays, l‘histoire de la prospérité, lorsque les
industries mécaniques n’avaient pas supplanté le
tissage manuel, et celle de la ruine, lorsque
les fabriques avaient vendu les étoffes à meilleur
compte, réduit beaucoup le commerce des artisans,
désolé les familles laborieuses, dépeuplé cette ville.
Seules demeuraient en magnificence l‘église ouvra-
gée, la place, l’architecture de quelques rues désertes
où le mutisme des paysans avait remplacé les pro-
pos malins du négoce, et les discussions du trafic.
Je félîcitai notre hôte d’un tel savoir, aiin de per-
mettre E1 son amante de rompre un silence par
des louanges que justitiaient les miennes. Madame
Hélène remercia le docteur avec une effusion
imniodérée. Ses yeux, ses sourires décelèrent trop
l’excès de son affection. L’épouse s’en aperçut. Son
nez se pinça. Elle pâlit sous les taches de rousseur,
pendant que nous descendions les marches du pieux
édifice en vantant l’architecture harmonieuse et variée
des deux porches, des deux façades, l'une basse
et légère, au pignon accru d’une fleche svelte, l'autre
massive et haute, supportant la tour quadran-
gulaire du clocher. M“‘° Goulven me demanda tout a
coup: . ‘
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