Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/350

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I te siaizricnr Nom 345 —- La bonne blague, chère madame, oh! la bonne blague !... L’amour n’exige-t-il pas d’ordinaire la fidé- I lité? N’est—il pas jaloux, donc accapareur, proprié- taire, assassin, si j’ose dire! C’est un maitre dur qui tue l’esclave fugitif l Voyez plutôt les faits divers des journaux. Entre nous c’est un assez ignoble senti- ment, quoi qu’en aient écrit les poètes,. J'insistai de la sorte,lui démontrant, avec exemples ai l’appui, que l‘amour assure l’esclavage des carac- tères faibles au bénéfice des caractères vigoureux. Les mœurs et les lois ne permettent—ils pas a l’amant ou à l’amante, al’époux ou a l’épouse, de se massacrer selon les caprices de leurs colères M*“° Goulven m'écoutait. Je pus conduire sa- vamment la digression vers mes fins. Sans _avoir_ l’air d’y viser, affectant au contraire le ton d’un scep- . ticisme débonnaire et las, j`élargis le débat jusque vers la sociologie des passions. De cette hauteur, je comptais bien revenir ensuite au cas particulier du divorce Goulven. Et mon interlocutrice ne devinait-' pas encore. Impartiale, elle prêtait toute son atten- tion a ce qu`elle estimait être la défense de mon propre cas. Au reste, je ménageai la transition. Je lui retraçai lhistoire du malheureux qui, mourant de faim, assomme malencontreusement celui qu’i\ détrousse afin de manger. On coupe le cou de ce fâcheux, acculé cependant par la malfaisance sociale au dilemme de mourir ou méfaire. D’autre part, si, désireux uniquement d’afiirnier mon pouvoir morai sur un être passif, sur ma maîtresse d`hier, Annei Marie, je la tue en invoquant le prétexte de jalousie, le jury nfacquîtte, le public m’excuse, le mondeime pardonne et m'accuei|le. Pourtant, la nécessité de