Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/363

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358 LE SERPENT Nom nant la Baie des Trépassés, nous dûmes grim_per sur la cime du cap, puis dégringoler devant la_ baie d’Audierne. Ses eaux lointaines, écumeuses et blan- ches, battaient les bases du haut versant où nous rampions, réchauffés par un soleil timide. Mm La Re- velliere voulut que l'on s’assît tant bien que mal sur les saillies des rocs. Mécontente et poussive, elle ne jouissait pas du spectacle que composaient l`espace, la courbe molle et embue de la côteoù roulait la mul- titude bruyante des flots pâles. Mm Goulven fut heureuse de penser a son angoisse sans se préoccu- per de faux pas.Elle feignit de contempler cette éten- due de brumes et (Peaux bouillantes accourues du tir- mament indistinct. Menue, sous l’auréole du béret blanc, elle couvait son désespoir. Son mari s’aperçut qu’elle souffrait. S’approchant, il lui vanta ce pay- sage que madame Hélene parait de métaphores. Debout, elle était radieuse. Sans doute les amants avaient·ils trouvé le moyen de se réunir. Au vent elle exposait son incomparable stature moulée dans le manteau gris que la rafale froissait contre ses. formes. Rabattu sur les yeux, le béret noir prêtait le mystère d’une ombre a Fintelligence du regard perçant. - Parfois, à la dérobée, M¤° Goulven admirait cette splendeur humaine, et puis soupirait en étreignant ses genoux maigres dans ses mains rageusesà Main- tenant le soleil frappait son visage, ses paupières tremblantes; il l’obligeait à baisser ses cils roux. Par la puissance de la lumiere et celle de la beauté ne se pouvait-elle croire vaincue ? L'usure de sa pauvre robe se révélait trop, et les taches de ses vieilles chaussures jaunes. _ J ’eussc voulu causer avec le docteur, pour me ren-