Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE SERPENT Nom ' 375 _ le phare neuf, haute colonne de granit, lanterne bienfaitrice entre les profondeurs du ciel et les clameurs de l’0oéan. C’était une fête de couleurs frissonnantes dans l’air limpide, par—dessus leglacis des flaques. Les cloche_s sonnaient. La fougue du vent s’engout`frait dans les oreilles, battait les paupières, ` salait les lèvres. Et toujours pullulait cette foule de femmes qui se dandinaient dans les ballons de leurs , robes épaisses, élargies par les vertugadins. La lu- mière dorait leurs nuques saures. Ramenées par-des-· _ sus les passementeries de leurs bonnets, leurs cheve- lures lisses étaient tendues, telle une autre étoffe, jusque-sous les guipures de la petite mitre qu’un cordon nouait aux mentons gras. Il semblait que le ` `flot dégotgeât indéfiniment cette multitude. Attifés comme de petites bonnes femmes, des centaines de bébés trébuchaient dans leurs jupons trop pesants. ' Les fidèles chantaient les répons. Le cortège in- olina les bannieres afin de leur faire franchir la porte trop basse de la pauvre chapelle. Taquine, M'“° La 7 Revellière contredit la dévotion de ltl"·" Goulven, qui se réfugiait dans la prière. La vieille dame affirma. que la bannière rouge était le symbole du feu, de j l’Agni védique, que la bannière d’or était' celui du _. soleil·père, Diauz—Pitar, Ormuzd; que la bannière d’argent était celui du monde stellaire, d’Astartè, de l`univers astronomique, que tous ces dieux antérieurs- au Christ s’étaient glissés, par la suite, dans sa reli- gion triomphante, sous les especes du Pere, du Fils, de l’Esprit. Fière de soi, l’alliée des La Revellière~ Lepeaux résumait ainsi les souvenirs confus de ses lectures impies. M"‘° Gdulven ne répondit rien. ` Heureusement Gilberte appela sa grand’mère: son