Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/390

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" _ ‘ LE SERPENT Nom 385 La Bretagne secourait les laboureurs de Belle·Isle, en leur envoyant ses fils à longues jambes et ses filles trapues, le bois qui chaufferait les fours à pain, qui pétillerait aux bivouacs des champs pour éclairer les visages des conteurs, les gestes des danseuses, lors- que leur ronde cernerait le feu créateur, en souvenir inconscient des vieux cultes chers aux Celtes primi- tifs, dans les plaines de l'Asie. De la passerelle nous les regardions. Madame Hélène et le. docteur échangeaient des réflexions ethnographiques que l’érudition douteuse de l\lf“° La “ Revellière contredisait insolemment. C’était l’heure ou le soleil décline, ou son or commence a sertir . les cimes des futaies, et les bords _ des nuages, ou l’ombre comble lentement les anfractuosités des `berges, ou l’air fraîchit, ou la rivière clapote, ou les faces des maisons, sur les hauteurs lointaines, se far- dent soudain de rose tendre. Maintes bandes d’0i— seaux regagnaient le gite. Les rives s’écartaient. Toute la nappe du Morbihan apparut à notre gauche, avec' — ses courants vigoureux fendus par les hautes perches _ des balises qu’ils_inclinent et qu’ils assaillent d’ecume argentée. La vitesse du steamer augmenta. Le halete- ment de la machine se précipitait. Nous courùmes droit a l’ouest, tandis que, de son beuglement la sirène saluait le petit phare blanc de P0rt—Navalo. · Enveloppée dans un pl'aid, Gilberte questionna sans trêve le capitaine obligeant. Nous écoutions l,l1OH1I1]B de mer dire ses voyages de jadis vers les Singapore, les Hong—Kong et les Yeddo. Le docteur se joignait à lui pour évoquer les paysages luxuriants du Mékong, les splendeurs humaines et végétales de Ceylan, la poussière des larges jrues chinoises ou . · 22