Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/85

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80 LE snurmr Nom Et Marie—Anne, se mettant à rire, découvrit ses gen- cives édentées parmi les rides de sa vieille face rugueuse. Debout dans sa robe aux galons de velours lépreux, elle hochait la tete et les banderoles de sa coiffe resplendissante. , ` Goulven simula l’étonnement de constater ma présence, alors qu`il ne m’avait pas convié. Je feignis s de ne pas comprendre. Je vantai bien haut la pro- preté de l’appartement, le balcon, le style du mobi- lier. Ensuite je'déclarai mon désir de louer au prix que Mm Goulven m’avait laissé entendre: quinze louis parmois. _ ` _ ' Il accepta tout de suite, mais sans joie évidente, malgré sa phrase de complaisance; et il invita la _ bonne à faire monter mes bagages. Je voulusposer la main sur le flacon qu’il me dé- signait comme de sérum nouveau. Son geste défensif m’écarta résolument. Il avait pu, nfexpliqua-t-il, en , fabriquer seulement tres peu, dans les conditions déplorables où il se trouvait, au fond de la Bretagne, et en possession d’un laboratoire mal organisé. J’avais déja supputé la gêne que dénonçait l'agencc- ment de cette ancienne buanderie. Plusieurs caisses d’emballage contenaient les` cobayes et les lapins d'expérience, qui ruminaient sur des carottes tlétries. — Il te faut acheter huit ou dix chevaux, les immu- niser et en tirer la quantité de sérum nécessaire à des expériences définitives; —— commandai—je. ` Il se contenta de secouer la tete et de faire la moue. Toutefois il voulut me donner le change. ` — Pour établir la théorie, la seule chose qui nous amuse, nous, ces bestioles me sutllsent. D’ailleurs', j’ai pu traiter quatre cas de typhus. J’ai 'guéri la lille