Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/110

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si diplomate, auquel nous parlions en riant des attitudes de son ami, Floquet est, dans l’intimité, le mieux élevé des hommes, de famille basque traditionnelle et distinguée, très doux, bon garçon, de belle humeur, spirituel et nullement dédaigneux du plaisir gai. Mais sitôt qu’il se dit : « Je suis destiné à jouer un grand rôle dans les événements révolutionnaires de l’avenir, » alors il est tel que le voici, solennel, empesé, agressif ; mais tout cela se tassera, s’assouplira, et vous le verrez devenir un personnage. »

Tel autre jour on présentait M. Ernest Hamel, un jeune, lui aussi, pétri de « montagnisme ». On le désigna plus tard comme l’auteur de l’Histoire de Saint-Just, livre que l’administration impériale fit saisir et mettre au pilon. Ses façons déplurent autant que celles de Floquet à ceux que nous appelions « les anciens ».


Dans une conversation avec Mme d’Agoult à la suite d’un déjeuner intime où elle m’avait conviée seule avec Ronchaud, je l’avais fait beaucoup sourire de mon enthousiasme pour l’Œdipe-Roi de Jules Lacroix, que j’avais vu quelques semaines auparavant aux Français ; la simplicité de la traduction, la merveilleuse compréhension du caractère des chefs-d’œuvre grecs, les mélopées d’Edmond Membrée, le jeu