Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/143

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naces de mon mari, lorsqu’il se vit appuyé dans ma défense par le bon, influent et courageux Arlès-Dufour.

Le seul désaccord entre Arlès-Dufour et moi était plaisant. Il n’admettait pas que la doctrine saint-simonienne pût être condamnable sur un seul point, même sur celui de l’émancipation excessive de la femme ; or, dans son intimité, il était le plus parfait des époux, le plus dévoué des pères, le fidèle entre les fidèles du culte de la famille ; il aurait eu des sévérités pour moi s’il m’avait trouvée coquette et légère ; mais, tout à coup, il citait fièrement l’opinion de son ami Stuart Mill, le plus grand des philosophes anglais, disait-il, qui, un instant saint-simonien et vite renégat, ne cessait cependant d’admirer le courage avec lequel « l’École » avait abordé la question de la famille et sa hardiesse à proclamer l’égalité absolue de l’homme et de la femme.

« Mon cher ami, répétais-je, ô père vénéré, les saint-simoniens sont absurdes parce qu’ils ont voulu réformer les mœurs, non avec de la vertu, mais avec de la licence. La corruption n’a jamais assaini. Vous avez essayé de détourner la grandeur du sentiment féminin au profit des joies immédiates, comme certains disciples du Christ veulent détourner ce sentiment au profit des joies futures. L’absolu pour l’âme, l’absolu pour le corps, peuvent satisfaire l’individu. Ils sont tout aussi coupables au point de vue so-