Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/146

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ressemblait cependant beaucoup à Victor Hugo par les traits, mais avec une tout autre expression. Il y avait de la tristesse dans cette expression. Jamais il ne s’était consolé de la mort de son frère Sadi, qu’il adorait, et il donna le nom de ce frère tant regretté, et, disait-on, d’une valeur si exceptionnelle, à son fils aîné.

J’aimais à parler à Hippolyte Garnot du grand Carnot, et il se prêtait avec une sorte de gratitude touchante aux questions qu’on lui posait sur son père. Il avait écrit avec religion sur ce père autant admiré qu’aimé.

Notre conversation, à nouveau ce jour-là, se porta sur l’organisateur de la victoire et sur ses premières entrevues avec Bonaparte.

« Mon père avait, me dit-il, découvert, avant qui que ce soit, la valeur militaire de Napoléon. Il m’a plus d’une fois raconté ces premières entrevues et combien il était frappé du don de persuasion que possédait Bonaparte lorsqu’il exposait une idée. Il fallait faire appel à toute son énergie pour échapper à sa fascination, à une sorte d’influence magnétique, de suggestion, pour ne pas subir, sans la discuter avec calme et froidement, sa volonté de vous convaincre. »

Hippolyte Carnot, qui avait suivi son père à Magdebourg, y épousa la fille du colonel Dupont, aide de camp du grand exilé. Comme épouse, comme mère, comme femme de haute valeur morale et intellectuelle, Mme Hippolyte