Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/186

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Certes, Ménard peignait moins bien, mais il plaisait plus.

Entre hellénisants il était naturel que nous causions de la vulgarité des temps actuels. Chacun de nous exposait sa théorie d’art, et Saint-Victor, tout comme Ménard, Ronchaud et moi, faisait naître la sienne de son culte pour la Grèce « féconde en chefs-d’œuvre immortels, et qui nous a légué les formes définitives du Beau. »

« Oh ! les infatués ! » s’écria Mme d’Agoult.

Ménard était païen traditionnel et orphique en même temps, parce qu’il croyait à l’antériorité d’Orphée. Ronchaud était libre penseur, Saint-Victor catholique, moi païenne naturiste, croyant le divin enfermé dans la nature.

Tous quatre nous étions persuadés que seule l’éducation classique donne les sentiments supérieurs de justice, d’héroïsme, ces idées ne pouvant être que traditionnelles, non individuelles, et devenant d’autant plus fortifiantes pour une race qu’elles l’ont pénétrée depuis plus longtemps.

Ménard démontrait par des exemples que les époques de décadence correspondent aux progrès mécaniques, lesquels engendrent le despotisme.

« Vous avez raison, mon cher Ménard, disait Saint-Victor, les soi-disant progrès qui s’affirment par la mécanique engendrent les révolutions et la politique de la clique, c’est-à-dire de