Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/189

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riste, c’est que je trouve Homère supérieur à ceux qui l’ont suivi.

— Nous avons raison tous deux, ajouta Ménard. Je puis démontrer, aujourd’hui, que les moralités premières dues aux poètes sont plus élevées que celles des philosophes, et je prépare un livre sur ce sujet : La Morale avant les Philosophes. La grande objection sur l’antériorité d’Orphée est qu’il n’aurait pas pu concevoir la morale orphique s’il était venu plus tôt. Je prouverai le contraire.

— Il est logique, reprit vivement Ronchaud, que ce soit à Orphée que les « tombeurs des moralités françaises » s’en prennent, leur formule étant : « Le but de la vie, c’est la fête, » car Orphée n’admettait, parmi ses initiés, que ceux qui renonçaient à « la fête ».

— C’est vrai, mon cher Ronchaud, répliqua Saint-Victor, et ce que vous dites là me frappe. Au lieu d’imiter les bacchants, les disciples d’Orphée renonçaient au vin, à la bonne chère et aux plaisirs sensuels, aussitôt initiés. Dans l’Orphée d’Offenbach, les divinités s’attablent au festin où Eurydice chante peut-être l’Évohé fatal qui nous entraînera à notre perte. »

Chose étrange, la femme qui occupa la plus grande place dans la vie de Saint-Victor fut une juive, Lia Félix, sœur de Rachel. C’est peut-être ce qui explique l’étrangeté de son caractère.

Mme  d’Agoult nous écoutait, avec sa physio-