Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/194

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— Il est désespéré, tout simplement ; mais il accuse les ministres plus que l’Empereur. Imaginez, ô républicaine, qui avez la naïveté de croire aux tyrans ! que le ministre de la guerre refusait au chef de l’Etat des troupes et des munitions, et que celui des affaires étrangères modifiait le sens des dépêches des puissances pour affoler son souverain. D’ailleurs vous savez tous pourquoi la paix a été conclue, l’Empereur l’a dit à une réception du corps diplomatique, en constatant à quel point l’Europe a été ingrate envers lui, et pourquoi il a tenu à prouver à cette même Europe qu’il ne voulait pas la bouleverser.

— Les timorés sont de mauvais chefs d’Etat, » répliqua Charles Edmond, et il allait continuer lorsque Edmond Texier entra en ouragan.

Texier a fait, comme chroniqueur du Siècle, la campagne d’Italie. C’est la première fois que nous le revoyons depuis son retour. Il vient d’être décoré, et tous s’accordent à reconnaître que sa croix bien gagnée l’a été à la fois littérairement et militairement par de réels services rendus à l’état-major.

Avec une verve extraordinaire, il nous conte l’endurance, le courage de nos soldats, la belle allure guerrière de nos officiers, leurs élans de race, la bravoure personnelle des généraux, mais il ne ménage point l’Empereur, malgré les protestations d’About.

« Il a été hésitant, effacé et même froussard,