Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/200

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dont le retentissement parvint jusqu’à nous.

J’avais envoyé mon livre à Challemel-Lacour, à Zurich, au moment de son apparition. Lorsqu’il vint chez Mme  d’Agoult, m’y trouvant, il me remercia de façon si flatteuse, qu’après deux ou trois rencontres chez notre grande amie à tous deux, et l’une de ses visites chez moi, nous n’étions plus de simples connaissances.

L’esprit très fin de Challemel, le ton élégant de sa parole et de son style, sa grâce vis-à-vis des femmes unie à tant de droiture d’âme et de fermeté de caractère, provoquaient tout d’abord l’estime et, lorsqu’il y prétendait, l’affection. Par exemple, dès qu’il discutait, il devenait intolérant, agressif, dur, insolent même, mais il était si lettré que sa brutalité, toute violente qu’elle fût, prenait la forme d’une imprécation plutôt que d’une injure.

Rentré en Suisse, il m’envoya un jour l’un de ses amis de Zurich en me priant de lui rendre un service auprès de M. Fauvety pour une collaboration à la Revue philosophique. Je pus faire ce que désirait l’ami de Challemel, et comme il se trouvait être aussi un ami de Proudhon, il m’offrit une lettre « sur mon adversaire » que Challemel-Lacour lui avait écrite et où Proudhon n’était guère épargné. J’acceptai l’intéressant autographe que voici :

« Enfin, mon cher ami, j’ai vu Proudhon hier, non sans peine, car il faut bien des céré-