Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/239

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savais pas le nom de ce « monsieur », mais il m’impatientait.

De Ronchaud, à certain moment, vint parler bas à Mme  d’Agoult, qui répondit tout haut :

« Cela ne ressemble guère à ce farouche. »

J’avais compris qu’il s’agissait du « monsieur » appuyé à la glace.

« Il est l’ami de Proudhon, et sa curiosité s’explique…

— Bien, tout à l’heure, dit Mme  d’Agoult. Je vais en parler à qui de droit. »

J’avais compris. Je prévins la demande : l’ami de Proudhon voulait se faire présenter.

« Qui est-ce ce grand monsieur, près de la glace, madame ?

— Edmond Adam ? Nous sommes très liés, mais vous ne le voyez pas chez moi, aux jours de réception, à cause de Girardin, qu’il a toujours envie d’embrocher. Il se bat d’ailleurs pour un rien. Après la mort de Carrel, alors qu’il était rédacteur en chef d’un journal d’Angers, Armand Marrast l’a appelé au National. Ses amis sont, au dedans : Duclerc, Grévy, Carnot, tous les abstentionnistes, car il l’est résolument malgré ses qualités d’action ; au dehors : Ledru-Rollin, Schœlcher, Louis Blanc, etc.

« Au Deux-Décembre, conseiller d’Etat, il refusa de servir l’Empire. C’est aujourd’hui l’un des pivots du Comptoir d’Escompte, fondé par ses amis républicains Bixio, Pagnerre, Garnier-Pagès. Je ne connais pas d’homme