Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/25

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Ma tante Sophie s’intéressait toujours aux occupations de mon esprit. Je lui parlai d’Auguste Comte, de mes querelles conjugales à propos du positivisme. Elle me conseilla de ne pas répondre à mon mari un seul mot sur ce sujet. Je le fis, et bientôt il n’y eut plus de grands débats comtistes qu’entre M. La Messine et mon père lorsqu’ils se rencontraient. Violents tous les deux, ils se livraient de véritables batailles. Les « systèmes » avaient pris possession de chaque famille à cette époque. Mon père, phalanstérien, voulait le bonheur du grand nombre. Mon mari, positiviste, déclarait qu’une élite seule devait gouverner la masse avec ce principe moral, politique et social : « Régler le présent d’après l’avenir déduit du passé. »

« Sans Dieu ni roi », tous deux s’entendaient ; mais lorsque mon mari parlait de certaines idées qu’Auguste Comte a désignées sous le nom de « maladies révolutionnaires », c’étaient alors des disputes sans fin.

Mon père avait du goût pour Littré, qui refusait de se soumettre au « pontife ». Il ne tarissait pas en plaisanteries sur les amours d’Auguste Comte, d’abord sur ses malheurs conjugaux et son choix d’une femme plus que légère pour épouse, puis sur la « passion » du vieux « bonze » pour la blonde et langoureuse Clotilde de Vaux.

Mon mari répondait que ce n’était pas de la