Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/258

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Nous nous agitons, peine inutile. La frontière piémontaise, un an plus tard, reste avancée jusqu’à Sospel.

Quelques jours après l’Aventurière, Mme Fauvety et moi, nous retournons aux Français entendre Mme Ristori jouer Phèdre en italien et déclamer des vers de Legouvé avec un accent qui nous fait comprendre son refus d’accepter le rôle en notre langue. Mme Fauvety, dont le grand succès a été dans Phèdre, me fait admirer savamment la compréhension du caractère de Phèdre, le jeu si personnel et si passionné de la grande tragédienne.

Edouard Grenier vient me voir et me parle d’un projet d’envahissement de la Sicile par Garibaldi, que lui a confié Bixio, avec l’autorisation de m’en faire secrètement part. Ma brochure sur Garibaldi m’a enrégimentée parmi ses fidèles.

Or Nino Bixio, frère d’Alexandre, que je connus plus tard, me raconta un jour l’aventure :

« À Gênes, au moment de l’expédition des mille, je fus chargé par Garibaldi de choisir le bâtiment qui devait transporter les armes. Je m’entendis avec le directeur d’une compagnie qui m’autorisa à prendre l’un de ses navires dans le port. Je choisis le Milanais. J’allai moi-même, avec une quarantaine d’hommes, vers onze heures du soir, prendre possession du vapeur et trouvai prudent de garder les matelots prisonniers.