Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/272

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comme sa dernière brochure sur la Prusse, il était bien moins lu que Paradol.

La jeunesse tout entière, au moins nous le croyions, était anti-impérialiste. Le rapprochement que se plaisaient à faire les jeunes entre les « écrivains des Tuileries » et les écrivains indépendants n’était pas en faveur des premiers.

Mlle  Clémence Royer écrivit à Mme  d’Agoult à propos d’un concours suisse sur la Théorie de l’Impôt ou la Dîme sociale, et lui dit qu’elle concourrait avec Proudhon et comptait le battre. Mme  d’Agoult me lut le post-scriptum :

« Veuillez faire part de la nouvelle à votre très jeune amie Mme La Messine ; elle s’en réjouira certainement, sinon pour moi au moins contre Proudhon. »

Mlle  Clémence Royer envoyait à Mme  d’Agoult de longues lettres savantes et bourrées de citations de ses œuvres passées et présentes. Ma grande amie, qui était sincèrement son admiratrice, me les faisait très souvent lire, et je m’amusais à la taquiner en la priant de m’expliquer certaines citations.

Un jour je m’étais écriée triomphalement :

« Ah ! cette fois, je comprends toute seule, grâce à certaine teinture des œuvres célèbres de M. de la Palice ! »

La citation était celle-ci :

« L’imperfection fatale de tout langage perpétue les disputes humaines, personne ne com-