Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/276

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les hommes aux quilles, nous aux grâces ! Je regrettai la belle joute d’esprit d’About et de Sarcey de l’année précédente. Nos jeux nous instruisaient peu en nous amusant.

Mais une pluie diluvienne, accompagnée d’orage, nous força un jour, après déjeuner, malgré de belles résistances sous les parapluies, à rentrer dans la maison.

Ma cousine et moi nous eûmes le même désir de remettre About et Sarcey en présence. Je dis à Jourdan de nous y aider, mais Sarcey était bien moins facile à « lancer » sur About.

Il s’était opéré en lui une transformation notable. Il avait conquis sa personnalité entière. Certes, il aimait tout autant son vieux camarade, mais il faisait nettement certaines réserves sur ses goguenardises, qu’il trouvait par trop répétées, et ce jour-là il protesta contre cette manie d’About « de tout passer au crible des mots ».

L’expression eut son succès, et Jourdan, le plus sincère des croyants au bien, au bon, au juste, ajouta :

« Le fait est que l’esprit qui ne vise qu’à l’esprit, devient un abatteur enragé et casse la tête à tous coups aux poupées que nous avons tant de peine à faire tenir debout.

— C’est si amusant de casser la tête aux poupées, répliqua About. Pif ! Paf ! bien tiré, encore une à terre !

— Et puis après ? dit Sarcey.