Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/289

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sible de le comprendre aujourd’hui. Le Jacques Bonhomme est sûrement démodé.

Mme  la princesse Belgiojoso me fit le grand honneur de m’envoyer, par notre ami Dall’Ongaro, son dernier livre : La Maison de Savoie, où le souffle de son ardent amour pour l’Italie animait chaque page.

La liste des bons volumes qui se publiaient alors serait trop longue à dresser. Les mauvais étaient rares ; sans doute, on avait ses écœurements avec de basses œuvres comme le Lui de Mme  Louise Collet, qu’on lisait avec dégoût, où Musset était honteusement peint, et Flaubert ridiculisé comme un être excentrique, ayant l’horreur de la campagne et ne voulant pas habiter la ville, inquiet, tourmenté, impuissant au travail, mettant cinq heures pour écrire cinq lignes qu’il remaniait le lendemain.

Mme  d’Agoult ne s’indignait pas comme moi des vilenies débitées par Mme  Louise Collet sur Flaubert. Elle ne l’aimait guère comme écrivain, blâmait ce besoin de retouche, maladif, disait-elle, ces exigences de perfection excessive qui nuisaient au mouvement de la pensée et à la vie du style.

Là encore nous jugions de façon différente. J’avais lu Madame Bovary, non pour l’intrigue dont le réalisme me choquait, mais pour la ciselure de la forme qui m’enchantait.

Je trouve un jour chez Mme  de Pierreclos,